MIRLEFT, le village à gauche de la mer

« On ignore ce qui se cache dans l’obscurité. », comme le formule David Lynch, est ce que mon objectif traque. D’une errance nocturne au coeur d’un village du sud Marocain, qui devrait ressembler à une carte postale d’une petite cité balnéaire, surgit un sentiment diffus de désorientation, où s’opposent des volumes sur éclairés et des obscurités profondes, qui brisent alors tout repère temporel. Les paysages urbains de Mirleft vont se transformer en décors de cinéma Lynchéens, atemporels, distordus, entre rêve et réalité, nous offrant des écrins poétiques où se croisent mes thématiques de prédilection « le mystique, l’étrange, le surnaturel, le souvenir, la mélancolie… »

Les lumières blafardes et les rues désertées seront les lieux de prédilection de mes prises de vues au crépuscule. Lorsque le soleil se couche, la toile se transforme, et laisse apparaître des espaces fugitifs dans la danse de la luminescence artificielle qui vient sculpter la nuit. Débute alors un voyage à travers une cité silencieuse, intemporelle, mystérieuse où Mirleft prend des airs de bout du monde.

Me perdant au cɶur de ce territoire flottant tel un somnambule, je peins avec les lumières de la ville, criardes et dissonantes, qui la maquillent outrageusement, reconstruisant ainsi un paysage fantasmé, où l’absence de présence humaine souligne l’aspect fantomatique et vertigineux des lieux. Des blocs s’accumulent et s’entrechoquent, propageant la vibration qui en résulte jusque dans mes images. Mais capter la lumière accrochée à ces bâtiments est en fait saisir le silence brutal du lieu, qui semble chercher le sommeil dans cette nuit acide.